Pour un « aficionado » du 48ème comme moi, l’idée de tâter du 32ème, surtout avec du matériel de la Première Guerre, peut vous paraître saugrenue. Et vous auriez eu sûrement raison si une sombre marque Néozélandaise, sous la houlette d’un certain Sir Peter Jackson, n‘était venue tout chambouler.

Bien sûr, ce revirement ne s’est pas fait du jour au lendemain, la réflexion fut même longue. Mais à force de voir, sur les tables d’exposition, dans les forums ou dans les revues, le choix et la qualité de ces modèles, l’envie de m’y essayer aussi a été la plus forte. De plus, cette petite incursion dans le monde de ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines m’aura permis de mieux connaître cette période de notre histoire, qui m’était, je dois l’avouer, quasiment inconnue.

Me voilà donc devant vous avec cette luxueuse boite, bien remplie de pièces finement moulées et gravées qui ne demandent qu’à être assemblées, et de façon fort simple comme on va le voir (Mister Tamiya Putty restera dans le tiroir, cette fois-ci).


Montage

Il n’y a qu’à suivre la notice, explicite à souhait. Voilà comment résumer en quelques mots ce montage. Certes, je me suis permis d’apporter deux améliorations mineures (mon coté pinailleur, sûrement) mais on peut très bien vivre sans.

Le moteur fourni par Wingnut se suffit à lui seul. Seules les parties visibles au travers du capot seront peintes et patinées :


Afin de donner un peu de volume au siège, j’ai habillé le coussin et le dossier d’un morceau de feuille de plomb :

Les croisillons à l’intérieur du fuselage sont refaits en profilé rond. Au préalable, la gravure existante a été grattée à l’aide d’une lame de cutter courbe :

Les parties bois sont en XF59 Tamiya, la toile en H313 Gunze et l’alu est du Prince August (P.A.) 062 :

L’aspect bois est reproduit en deux étapes. 
Tout d’abord, les veines sont dessinées avec du Marron Cuir

Puis l’espace entre deux traits est rempli avec du Marron Liège. La peinture doit être fortement diluée pour garder un effet de transparence :


Si l’implantation de la tringlerie de commande est bien présente sur la notice de montage, elle n’est cependant pas fournie. Pour la réaliser, du fil à wrapper a été utilisé :


Les parties métalliques sont apprêtées en noir puis drybrushées couleur Acier. La peinture lors du brossage ne couvrant pas les creux, il est inutile de passer un jus pour ombrer ces derniers. Un gain de temps appréciable :


Les bandes de renfort des mats de cabane (petit oubli de la part du fabricant) sont représentées en scotch alu :


Peinture

Difficile d'échapper au fameux PC10 qui recouvrait la grande majorité des Se5a durant la Grande Guerre mais heureusement pour moi qui aime les décorations sortant de l’ordinaire, il y a toujours des exceptions. Cette fois, c'est l'avion du Major Roderic Stanley "Breguet" Dallas du 40 Squadron en 1918 qui déroge à la règle puisque sur la couleur originelle avaient été rajoutées deux autres teintes.
Il existe différentes interprétations de ce camouflage mais ma préférence va à celle-là : PC10 comme base recouvert de larges bandes écrues dont les bords étaient surlignées de vert ; ces deux dernières couleurs semblaient avoir été puisées dans les stocks de peintures Françaises. Et toujours selon la littérature, les grandes cocardes du plan supérieur auraient été recouvert d'un voile de PC10 pour les rendre moins visible (de la basse visibilité avant l'heure, en quelque sorte).


La mise en peinture ne diffèrera pas de ce que je fais d’habitude. La patine par contre, du fait des formes, des différents matériaux utilisés pour la construction (bois, métal, toile) et des nombreux reliefs présents sur la maquette, devra être appréhendée différemment. Et, tout comme pour les haubans, une petite cogitation avant assemblage des pièces sera nécessaire pour éviter les mauvaises surprises ou les pertes de temps inutiles.  

Le camouflage est à bords francs. Le PC10 est Olive Drab (H304 Gunze) dans lequel j’ai ajouté deux gouttes de vert afin de légèrement casser la dominante marron :



La couleur toile (intrados) est obtenue avec du H85 Gunze :

Les décals sont d’excellente qualité. Fins et aux couleurs bien opaques, ils se placent sans aucun soucis. Seules les cocardes ont été utilisées sur ce modèle. Un jus est diffusé dans la gravure, opération rapide vu leur petit nombre. Puis les ombres sont dessinées autour des parties mobiles et à la jonction aile / fuselage.
Les nervures sont masquées et les bords marqués avec la couleur de base mélangée à du noir. Le mélange est extrêmement dilué. On marbre, ensuite, avec la couleur de base éclaircie au Blanc :
Par la suite, le fuselage est éclairé avec la couleur de base mélangée à du Jaune. Seuls les angles de la cellule sont concernés par ce travail :

Jeu d’ombre et lumière sur les cocardes. La technique est identique que précédemment, seules les couleurs diffèrent :


A l’aide d’un pinceau fin imbibé de peinture très diluée, on dessine quelques éraillures autour du capot moteur et des ouïes de ventilation. Un drybrush Jaune mettra les reliefs en valeur :


Les traces d’air chaud provenant du moteur sont peintes, tout d’abord en Noir puis avec du Marron. Elles doivent rester discrètes, ce ne sont pas des échappements :


Le dessous est copieusement sali (pas de pistes en béton, à cette époque) à l’aide de pigment Mig. L’empoussiérage est d’abord réalisé avec des voiles de couleur Terre avant la dépose des pigments. Ces derniers seront fixés à l’essence F :


 Un voile de vernis mat additionné d’une goutte de jaune permettra, au final, d’adoucir les contrastes :



Le train est en place. La précision des assemblages est tout simplement impressionnante. Il est abondamment sali tout comme l’intrados :



Les haubans de l’empennage sont faits en profilés rond de 0.3mm aplanis par ponçage. Le résultat n’est concluant que sur de petites longueurs, le profilé prenant du ballant sur des grandes dimensions : 
 




Un jus acrylique Vert Noir est diffusé dans la gravure en creux des zones recouvertes par le PC10 et le Vert. Les zones écrues, quant à elles, reçoivent un jus Marron Moyen. De l'huile Terre d'Ombre Verdâtre vient ombrer les creux des Zones "vertes" alors que du Bitume est utilisé pour les ombrer les creux des zones écrues :


Les nervures sont éclaircies avec un mélange d’Olive Drab et Jaune pour le PC10 et du H321 Gunze pour l’Écru. Cette opération se fait à main levée :


Ensuite, elles sont masquées et les bords sont ombrés avec du Smoke :
 

Même punition pour l'aile supérieure :



Toutes les parties en creux sont ombrées avec un mélange de Terre et du Noir. On en profite pour faire quelques coulures autour du capot moteur et au niveau du poste de pilotage :


Les différentes couleurs sont marbrées avec une teinte plus claire que la base. La Couleurs Chair mélangée à l’Olive Drab permet d’éclaircir ce dernier sans lui donner un aspect « fané » :


Le PC10 des surfaces supérieures du fuselage et des différents bords d’attaque est éclairé en mélangeant du jaune à la couleur de base, du blanc est utilisé pour l’Ecru. Un voile de vernis mat teinté de jaune viendra
adoucir les contrastes :


A l’aide d’un pinceau fin imbibé de peinture très diluée, on dessine quelques éraillures autour du capot moteur et des trappes :


La patine s’achève en brunissant les plaques situées derrière les échappements. La peinture à l’huile est déposée grossièrement au pinceau puis tapotée avec un morceau de mousse :



Les échappements sont peints d’une couleur sombre. Une fois bien sec, de l’huile Dark Rust est badigeonnée sur l’ensemble de la pièce :


Puis, dans « le frais », différents pigments sont tapotés avec un pinceau. Une fois l’huile sèche, on obtient un aspect légèrement granuleux comme peut l‘être une pièce de métal oxydée :



L’hélice est peinte couleurs bois puis recouverte d’huile Terre de Sienne Brûlée. Le surplus est retiré à l’aide d’une brosse. Les veines sont dessinées en passant un pinceau éventail sur la peinture encore fraiche. Les bords d’attaque sont éclairés avec de l’ocre :


Pour moi qui n’ai jamais monté de biplan, le véritable challenge ici sera dans la réalisation du haubanage (la mise en peinture, aussi, mais dans un degré moindre), étape à cogiter absolument avant le début du montage si vous ne voulez pas, au final, vous retrouver empêtré dans la filasse, comme l’a été votre serviteur. La leçon a été retenue et l’erreur ne se renouvellera pas.
Le haubanage des ailes est réalisé avec du fil élastique plat (produit Wingnut), les tendeurs sont simulés avec du micro tube. La peinture de ses éléments ne sera pas nécessaire puisqu’ils sont naturellement de la bonne teinte :


Il est collé à la cyano liquide dans les trous prévus à cet effet, en commençant par l‘aile supérieure. Évidemment cette opération aurait été facilitée si, dans ma précipitation, je n’avais pas déjà collé cette dernière (mea culpa) :






Conclusion

De la maquette haut de gamme à un prix totalement raisonnable, voilà qui devrait satisfaire le plus « grincheux » des maquettistes. Et même si le haubanage peut rebuter au premier abord, on en vient, finalement, facilement à bout pour peu qu’on soit méthodique et ordonné.

C’est presque à regret que je clôturais ce montage tellement le plaisir fut grand. Je reviendrai à la « trapanelle » sans aucun doute si Wingnut, dans sa grande bonté, avait la bonne idée de sortir de ses cartons un petit Français.

Spad, Nieuport, Morane, Breguet, le choix est vaste. 


Remerciements

Un grand merci à Laurent Loury de m’avoir donné l’astuce pour l’oxydation des pots d’échapements, technique à la portée de tout le monde et qui permet rapidement d’obtenir un effet vraiment réaliste.





Royal Aircraft Factory SE.5a "Hisso" Wingnut Wings 1/32